L’objectif de ce projet est de faire de cette friche urbaine, un endroit à la fois pour les usages naturels et humains. Dans une partie, au nord, ce seront les mécanismes naturels qui régiront le lieu ; dans l’autre, il permettra aux activités humaines de s’y produire dans une optique de développement durable et de respects des lieux. À terme, il s’agit d’en arriver à un lieu permettant la cohabitation harmonieuse entre la biodiversité urbaine et les utilisations humaines du territoire dans le quartier du Mile End. Ce projet, à terme, s’intégrerait dans la trame d’un biocorridor liant divers habitats sur l’île de Montréal. Il représente une expérience d’aménagement urbain défini uniquement par les citoyens et citoyennes susceptible d’être reproduite ailleurs sur l’île de Montréal.
Les Amis du Champ des Possibles comptent s’y prendre par l’entremise d’une démarche d’éducation populaire en favorisant la participation du public, l’expertise citoyenne locale et la créativité tout en protégeant la spontanéité de la vie qui émerge de ce territoire.
Ci-dessous sont les priorités, définies dans le document de synthèse, pour arriver à ce but. Une version abrégée existe en cet endroit.
Le Champ des Possibles se trouve dans un site où le Monastère du Carmel lui procure une protection de par sa zone de protection et les grands bâtiments sur de Gaspé le met hors de vue, un peu à l’écart du tumulte urbain. Pourtant, le site a déjà été le siège d’une activité industrielle intense parce que ce fut une gare de triage. Nous cherchons à faire ressortir ce passé afin qu’il ne soit pas oublié des générations à venir.
Aujourd’hui, le site est sillonné de plusieurs sentiers. C’est un peu sa nouvelle vocation et ses sentiers, qu’on appelle également des « lignes de désir » façonnent grandement l’aspect du site. Nous voulons également nous en inspirer.
Laissé à lui-même, le site s’est enrichie de toutes sortes d’espèces. Des éléments biotiques et abiotiques, sans oublier l’intervention humaine, ont permis de régénérer le Champ en un lieu où près de 200 espèces vivantes y vivent ou l’utilisent. Nous voulons effectuer des interventions qui permettront de rendre le site encore plus productif. Ainsi, on le voit tout de suite, il n’y a pas de point d’eau. En ajouter un, permettrait de créer un autre écosystème tout en permettant aux animaux de passage de s’y abreuver (et de s’y nourrir pour certains) avant de continuer leur chemin le long du bio-corridor.
Nous prévoyions aussi modifier la topographie du site afin de créer de nouveaux habitats. Nous pensons aussi à planter des espèces végétales qui permettront d’offrir à la faune plus de nourriture. Ces deux interventions auront pour effet de rendre l’endroit plus accueillant en fournissant cachette, nourriture et lieu pour élever des petits.
Pour nous, il s’agit d’un réserve de biodiversité urbaine. et pour être viable, il faut qu’elle puisse s’insérer dans un corridor, ce que la voie ferrée peut faire.
Le quartier contient un grand nombre de créateurs artistiques. En fait, c’est là où en trouve la plus grande concentration au Canada. Déjà, le site est un lieu où la création artistique s’est retrouvée à l’origine de cette aventure. C’est par la rencontre d’un naturaliste avec une artiste que l’idée de soustraire le site du développement. Le Champ lui-même est une création humaine de ce que devrait être une réserve de biodiversité et cette image est d’abord culturelle.
Nous voulons que le site soit un lieu favorisant cette création artistique afin que s’établisse un dialogue entre les gens et la nature urbaine. Avec des intentions plus terre-à-terre, nous voulons également que le Champ devienne un lieu de rencontre entre les créateurs et le public résidant.
Le quartier est pauvre en espace vert et en lieu de rencontre. Le Champ dans son état actuel est déjà utilisé pour ces fonctions alors que les gens y promènent leur chien, pique-niquer, méditer ou tout simplement pour s’évader du tumulte urbain. Nous voulons que ce lieu soit aussi un endroit où les gens peuvent se rencontrer et nous proposerons des activités et des aménagements qui permettent cela.
Dans l’idée de base, le Champ est divisée en une partie pour la biodiversité, au nord et l’autre, au sud, pour les utilisations humaines et communautaires. Nous voulons également qu’il le soit douze mois par année. Pour ce faire, nous proposerons du mobilier qui permettent une utilisation qui se marieront avec le décor. Nous le voulons unique et original, à l’image des résidants.
Cela fait maintenant un nombre important d’années que le lieu est comme un école. L’attraction première est bien entendu la biodiversité urbaine et c’est une des activités centrales. En effet, la préservation de la biodiversité urbaine demande d’abord à ce qu’elle soit comprise par les utilisateurs du Champ afin que la réserve ne soit pas un désert.
De plus, il est dans la mission des Amis du Champ des Possibles que l’enseignement se fasse par une démarche d’éducation populaire. C’est pour cela que les Amis invitent les organisations qui organisent des forums ou toute rencontre qui permettent à n’importe lequel de ses participants de partager ses connaissances avec les autres. Pour l’aménagement du lieu, nous voulons que ce qui soit montré au public puisse être réutilisé dans un processus itératif.
Il s’agit de décontaminer le sol par des méthodes dites douces. Soit par bioremédiation, phytoremédiation et mycoremédiation. Nous voulons que le projet Champ des Possibles soit un lieu d’expérimentation dans ces techniques plus appropriées dans un contexte de développement durable. Si la remédiation est faite in situ, cela fera moins de transport de sol et permettra au site de métaboliser ses polluants de façon organique. Nous voulons faire de l’endroit un modèle de décontamination.
Également, nous voulons être capable de suivre l’évolution du site. Cela nous permettra de réajuster notre tir avec nos aménagements. Ce suivi, nous le voulons citoyen, i.e. des données récoltées et diffusées par les citoyens.
Les citoyens sont les acteurs principaux de ce projet. Ce sont eux qui l’ont soustrait à un développement qui aurait fait disparaître cet espace vert. Ils y sont parvenus en établissant un dialogue où les vues de chacun étaient présentées et débattues jusqu’à ce qu’un consensus en ressort. Nous voulons continuer cette expérience.
Contrairement aux audiences publiques en environnement, la planification concertée est plus lente car toutes les parties prenantes participent à cette planification. Également, elle impose que ces parties travaillent ensemble jusqu’à ce qu’il y ait un consensus. Parce que c’est en travaillant ensemble que nous aboutirons au meilleur projet.